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Histoire & chefs-d’œuvre de la musique algorithmique

A voir dès le 20 septembre à EPFL Pavilions, l’exposition Musica ex Machina: Machines Thinking Musically offre une plongée immersive dans l’ incroyable histoire commune de la musique et de la pensée algorithmique. De l’époque médiévale à l’ère de l’intelligence artificielle, elle célèbre les avancées de personnages visionnaires qui, à travers les siècles, ont redéfini la manière de concevoir, de composer et de jouer la musique grâce aux technologies de leur temps.


L’exposition a été initiée par deux professeur·es de l’EPFL, Sarah Kenderdine (Laboratoire de muséologie expérimentale, eM+) et Martin Rohrmeier (Laboratoire de musicologie numérique et cognitive, DCML), en association avec les professeurs Paul Doornbusch et Jonathan Impett, reconnus mondialement pour leurs recherches musicales. L’exposition qui ouvre maintenant ses portes retrace de manière inédite les avancées conceptuelles, créatives et technologiques qui ont permis l’intégration progressive des machines et de la pensée systématique dans le monde musical.


Au travers d’objets rares, de manuscrits anciens et d’installations audiovisuelles numériques, ce voyage à travers le temps et les disciplines met en valeur l'héritage de pionniers de la pensée algorithmique en musique et dévoile à un large public les nouvelles perspectives offertes par les nouvelles technologies.


Musica ex Machina est ainsi bien plus qu’une simple exposition historique. C'est une célébration de l’innovation musicale, un hommage à celles et ceux qui ont repoussé les limites de leur art en intégrant la pensée computationnelle et les machines, et une invitation à réfléchir à ce que l’avenir nous réserve dans un monde où les technologies et la musique ne cessent de s’entrelacer.


French-American artist Laetitia Sonami with the Lady's Glove v.4, a gesture-based electronic musical instrument of her invention.

Photo: © F. Hoekzema.

The Guidonian Hand, a tool developed by Guido d'Arezzo in the early 16th century to help singers locate tones and understand musical intervals.

The Musician, an automaton by Swiss clockmaker Henri Jaquet-Droz that plays the piano with mechanical fingers.


Musique et algorithmes: une histoire ancienne


Si les algorithmes sont aujourd’hui indissociables de l’informatique et des technologies numériques, leur histoire se raconte sur plusieurs siècles. L'exposition montre que bien avant l’avènement des ordinateurs, les compositeurs et théoriciens de la musique se sont inspirés des structures mathématiques et des règles logiques pour formaliser leur art.


L’exposition prend comme point de départ le Moyen Âge, alors que l’évolution de la notation musicale et de la représentation symbolique jette les bases du solfège moderne. Les avancées qui s’opèrent ouvrent la voie à des compositions plus complexes, et notamment polyphoniques, superposant plusieurs mélodies sont selon des règles précises de nature harmoniques et algorithmiques.


Le parcours explore aussi des traditions musicales non occidentales qui utilisent des structures algorithmiques et procédurales, comme le gamelan indonésien, la musique d’Afrique centrale ou le rāga d'Inde du Nord. Toutes rappellent que la pensée algorithmique est universelle et intrinsèque à de nombreuses cultures musicales à travers le monde.


L’exposition remonte ensuite d’exemples précoces d’automates au XVIIIe siècle jusqu’à l’informatique moderne et maintenant l’IA, en passant par les musiques atonales et les avant-gardes de la musique électronique du XXe siècle. Elle retrace ainsi les multiples pratiques musicales qui ont émergé au gré des avancées techniques, en intégrant des systèmes algorithmiques toujours plus complexes.


Des personnalités aventureuses et visionnaires


Au fil de ce parcours chronologique, Musica ex Machina rend hommage aux figures visionnaires qui jalonnent l’histoire de la musique. Elle met notamment en avant les contributions de Guido d’Arezzo, le musicien qui a posé les bases de la notation musicale moderne, Leonhard Euler, pionnier de l’application de concepts mathématiques à la théorie musicale, Arnold Schönberg, précurseur de la musique atonale et de la dodécaphonie, Karlheinz Stockhausen, figure de proue des musiques électroniques ou encore Iannis Xenakis, personnage central de la composition algorithmique et de la synthèse sonore non standard.


Aux côtés de nombreuses autres personnalités remarquables de toutes époques, l'exposition met en perspective leur influence durable sur la musique moderne et contemporaine.


German composer Karlheinz Stockhausen in 1954 in the WDR studio in Cologne, a hub for electronic music experimentation at the time.

The Senior Expert Gramophone, the first of its kind with a horn whose diameter acceleration was mathematically calculated.

The Buchla 200e Skylab synthesizer from 2012, heir to the Buchla Series 100, one of the first modular synthesizers, created in 1963.

The installation Life Codes by composer Alexandra Cárdenas.


L’impact de la technologie sur la création musicale


L’exposition permet également d’explorer les liens entre innovations technologiques et nouvelles formes d’expression musicale. Des premières tentatives de codification des sons à l’invention du phonographe, chaque innovation a étendu les possibilités créatives des compositeurs. Par exemple, la durée des morceaux de musique a longtemps été limitée aux trois minutes de capacité des disques phonographiques, dictant encore la durée des morceaux pop actuels.


Le rôle des instruments électroniques est également abordé, des pianolas mécaniques et instruments automatisés aux synthétiseurs modulaires et ordinateurs.


Plusieurs de ces instruments sont exposés tandis qu’exemplaire contemporain de piano mécanique numérique, au centre de l'exposition, joue des compositions algorithmiques complexes. Symbole de l'automatisation de la musique, il a permis à des compositeur·trices de repousser les limites de la composition musicale au-delà des limites physiques humaines. Les développements qui ont émané des premiers magnétophones à bobine ouverte sont quant à eux représentés par des œuvres telles que Studie II de Stockhausen ou Fontana Mix de John Cage.


Avec l’IA, la musique entre dans une nouvelle ère. La capacité des machines à analyser des millions de données et à composer de manière autonome pose des questions sur la nature même de la création artistique. Musica ex Machina présente des œuvres qui exploitent ces technologies pour explorer les possibilités extraordinaires qu'elles offrent, tout en interrogeant le rôle de l’humain dans le processus créatif.


Une expérience sensorielle de la musique algorithmique


Tout au long de l’exposition, l’opportunité est donnée au public d’écouter une sélection d’œuvres qui ont marqué la longue histoire de la pensée algorithmique en musique. Jouées au travers d’enregistrements, de visualisations numériques ou de vidéos, elles permettent d’appréhender pleinement leur force innovative et singulière.


De plus, une salle de concert met en lumière deux œuvres marquantes de la musique algorithmique spatialisées composées par Luigi Nono et Iannis Xenakis. Intime et immersive, elle permet de les découvrir dans des conditions proches de leur cadre d’origine.


Enfin, une installation interactive de la compositrice Alexandra Cárdenas permet au public de prendre part à une performance de musique algorithmique en temps réel. Des morceaux de code que les utilisateur·trices manipulent depuis leur téléphone peuvent être déplacés et assemblés pour faire évoluer la composition jouée.


Des installations inédites issues des laboratoires de l’EPFL


Deux installations présentées dans l’exposition sont directement issues des laboratoires de l’EPFL. La première, développée par le Laboratoire de musicologie numérique et cognitive (DCML) dirigé par le Prof. Martin Rohrmeier, illustre les différentes formes de complexité de relations rencontrées dans la tradition musicale occidentale au travers de quatre visualisations numériques.


La seconde, mise au point par le Laboratoire de muséologie expérimentale (eM+) dirigé par la Prof. Sarah Kenderdine, permet d’explorer les archives du compositeur, architecte et mathématicien gréco-français Iannis Xenakis, au moyen d’un navigateur linéaire interactif de douze mètres de long.


Exhibition views.
Photos: Julien Gremaud.

Exhibition view.

Photo: Julien Gremaud

  • Musica ex Machina: Machines Thinking Musically
    From 20 September 2024 to 29 June 2025
    EFPL Pavilions, Pavilion B
    Tuesday to Sunday, 11 am-6 pm
    Free Entry
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